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Promenade parisienne avec Chopin

Maia / 02.07.2019
Louis-Auguste Bisson, Chopin, 1849; Le boulevard Poissonnière en 1834 par Isidore Dagnan (musée Carnavalet) / Wikimedia Commons
Louis-Auguste Bisson, Chopin, 1849; Le boulevard Poissonnière en 1834 par Isidore Dagnan (musée Carnavalet) / Wikimedia Commons

Qu’y a-t-il de plus agréable qu’une promenade romantique, un beau jour d’été, dans une des plus belles villes du monde, Paris ? Qui dit romantique pense aux émois sentimentaux, à la beauté, à la musique. J’ai fait, ces jours-ci, une telle promenade en suivant des traces de notre grand compositeur dans le 9e arrondissement. J’ai suivi des rues en descendant ce qui me paraissait une descente aux enfers…


Tout commençait dans un cadre bucolique, dans une maison de campagne en ville, construite au début du XIXe siècle dans un quartier à la mode alors, la Nouvelle Athènes. Ce salon mondain du peintre Ary Scheffer était fréquenté par des célébrités, George Sand, Delacroix, Rossini, Liszt, Tourgueniev, Dickens et… Chopin. Chopin y donnait des concerts sur un piano fabriqué par son ami Pleyel. Ici probablement, avait eu lieu une des premières rencontres du compositeur avec George Sand qui lui avait paru d’une espèce bizarre, ni femme ni homme. Cette répugnance s’était transformée rapidement en fascination lorsque la célèbre femme de lettres lui envoya un billet : « On vous adore ! » Une fois les premières glaces brisées, le couple s’était installé pour de bon, square d’Orléans. Là, les amoureux jouissaient d’une fontaine jaillissant au milieu de la cour. Chopin occupait un rez-de-chaussée, Sand un appartement au fond de la cour au premier étage. Ensemble mais séparés, ils préservaient ainsi une hygiène de vie indispensable pour la solidité de leur lien et surtout pour leur fécondité artistique. Quant à la progéniture, il n’y en était pas question : ils s’adonnaient à la création et Sand de plus aux soins de la santé fragile de son récent amant devenu son patient et son enfant.

Bercée par la sérénité du lieu, je rêve un peu, j’essaie d’imaginer comment c’était autrefois… George Sand en pantalon avec son inséparable cigare ou en robe blanche et rouge, couleurs du drapeau polonais, en hommage à Chopin ? Lui d’humeur mélancolique, celle de ses nocturnes ou dans un emportement colérique évoquant son Etude révolutionnaire ? Enjoué avec ses amis en train de fêter le Pâque à la polonaise ou boudant contre ses compatriotes qu’il traitait parfois d’imbéciles au club à la Madeleine, le nez dans son journal ? Ou peut-être assis à son bureau, il s’escrimait à rédiger un billet pour prévenir Liszt de son absence. Puisque Sand n’est pas là pour corriger son français comme toujours, il prend ses gants et son chapeau haut-de-forme, va voir Liszt, lui annoncer de vive voix son absence. En passant, il frappe à la porte de son ami Delacroix qui habite à deux pas d’ici, rue Notre-Dame de Lorette. J’imagine qu’il n’interrompt pas sa rêverie en longeant la rue Saint-Georges tandis que ma promenade à moi vire au cauchemar. Je m’arrête devant un immeuble moche, banque ou assurances, rue Lafitte. Aucune trace de l’Hôtel de France où habitait Liszt. Au lieu des notes imaginaires de mazurka, des marteaux piqueurs agressifs. Il arrivait que les deux compositeurs jouent dans le noir pour que leurs amis devinent qui était l’interprète. Deux virtuoses et improvisateurs de génie ! Mais autant Liszt adorait briller, autant Chopin se torturait avant chaque concert public. Admiratif devant son ami, certes, il n’était pas loin non plus de la jalousie. Lorsque Liszt cherchait à embellir ses passages, il se fâchait : «  Je t’en prie, mon cher, si tu me fais l’honneur de jouer un morceau de moi, joue ce qui est écrit ou bien joue autre chose : il n’y a que Chopin qui ait le droit de changer Chopin. » Sur quoi, Liszt répliqua : « Eh bien, joue toi-même ! » «  Volontiers », coupa court Chopin. Leur relation se dégradait parfois à cause de femmes comme ma promenade se détériorait à cause du vacarme. Sur les Grands Boulevards, je tombe sur un groupe de touristes japonais. Mon portable sonne, des voitures klaxonnent, les marteaux piqueurs ne relâchent pas. Je me tiens ébahie devant un autre endroit- fantôme, 5 rue de la Chaussée d’Antin. Ici, Chopin donnait des leçons et des concerts, toujours sur un piano de Pleyel sous une lumière de bougies. Liszt se moquait de cette aura « fantomatique ». Où suis-je ? Tout semble irréel ; Babylone, Tour de Babel, Enfers…Point de calme bucolique dans la capitale. Seulement le « bruit des affaires et du plaisir » persiste comme le constatait la presse autrefois en vantant cet arrondissement pour encourager les artistes à s’y installer.

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