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Fernand Khnopff – le maître de l’énigme. Exposition au Petit Palais

Maia / 25.02.2019
Fernand Khnopff, Sztuka albo Pieszczoty, 1896, Królewskie Muzeum Sztuk Pięknych w Brukseli / Wikimedia Commons
Fernand Khnopff, Sztuka albo Pieszczoty, 1896, Królewskie Muzeum Sztuk Pięknych w Brukseli / Wikimedia Commons

Le Petit Palais présente l’œuvre du symboliste belge, Fernand Khnopff, peintre, dessinateur, sculpteur. Cet artiste original s’intègre cependant au climat esthétique de l’Europe fin-de-siècle. L’exposition est ouverte jusqu’au 17 mars.


Portret Fernanda Khnopffa, ok. 1908 r. /Wikimedia Commons

Sa création aborde des thèmes multiples : paysages, portraits, scènes mythologiques. Toute tentative de classification se montre toutefois vaine devant cet univers inclassable, profondément personnel, malgré les affinités apparentes avec les mouvements de l’époque. L’exposition reconstruit cette aura artistique singulière par une scénographie se référant à la maison-atelier de l’artiste, dans la campagne bruxelloise, une sorte de sanctuaire réservé aux privilégiés où Khnopff se vouait au culte d’Hypnos.

Son art se nourrit d’influences multiples à partir de la culture grecque (sculptures et mythes) jusqu’aux techniques modernes (photographie). On y voit aussi les rapports avec les contemporains de l’artiste, notamment Gustave Moreau. Certaines toiles témoignent même d’analogies frappantes avec les compositions du peintre français, par exemple, La tentation de saint Antoine (1883). Khnopff s’inspire incontestablement des œuvres de son temps, avant tout des préraphaélites anglais. Ces échos parfois manifestes ont même provoqué l’accusation de plagiat par son compatriote, James Ensor. Son art, où plane l’ombre de la mort, paraît inquiétant car ses personnages dans des postures figées évoquent plus l’absence que la présence, ce qui fait penser à un autre artiste belge, Spilliaert, à ses paysages nocturnes où l’homme s’efface, englouti par le noir.

Fernand Khnopff, Pustelnica, Nowa Pinakoteka Monachium 1891/Wikimedia Commons

Malgré les parentés artistiques diverses, le monde de Khnopff reste très original. Certes, le symbolisme y a une forte empreinte avec des figures de femmes de la mythologie grecque, mais l’ensemble forme une esthétique à part avec ses personnages-proues, son ambiance rituelle, sa sensualité troublante entre débordement et chasteté.

Fernand Khnopff, Cisza, 1890, Królewskie Muzeum w Brukseli / Wikimedia Commons

Il y a quelque chose de figé et de sourd dans toutes ces compositions, surtout dans les paysages de la ville natale de l’artiste, Bruges. Ici, le silence statique donne un sentiment de douleur et de regret. D’ailleurs, certaines de ses compositions préfigurent le surréalisme de Magritte, ses paysages statufiés.

Parmi les portraits, il faut remarquer ceux d’enfants, d’une grande fragilité et d’une fraîcheur par rapport aux portraits de femmes, plutôt hiératiques, enchâssés souvent dans un cadre décoratif, typique de l’art nouveau.

L’exposition invite à découvrir cet artiste belge un peu oublié à l’imagination foisonnante et à la fine sensibilité, riche en références artistiques et atypique à la fois, un temple voué à l’art, habité par le silence, entre stylisation raffinée et sensualité refoulée.

 

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