Le vicaire Wojtyla à Niegowici. C’est là que le futur pape a embrassé le sol pour la première fois.
Młody wikary ks. Karol Wojtyła w Niegowici, fot. wikimedia (domena publiczna)
Le 22 octobre 1978, à Rome, sur la place Saint-Pierre, a lieu l’inauguration solennelle du pontificat du cardinal Karol Wojtyła, qui, en tant que pape, prend le nom de Jean-Paul II. Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire liturgique de cet éminent Polonais. Il a commencé son ministère sacerdotal et pastoral dans la petite province de Petite-Pologne. C’est à Niegowici que le vicaire Wojtyla s’est agenouillé et a embrassé le sol pour la première fois.
Le 1er novembre 1946, le cardinal Adam Stefan Sapieha ordonna prêtre le père Karol Wojtyła. La cérémonie se tint dans la chapelle du palais de l’archevêque de Cracovie. Il assigna aussi à Wojtyla sa première paroisse. Le petit village de province près de Cracovie fut une grande surprise pour beaucoup. Après tout, le père Wojtyla venait de rentrer de Rome, où il avait fait ses études de doctorat, et ses amis proches furent donc surpris que le jeune prêtre soit envoyé dans un village où la pauvreté était endémique. Il n’y avait pas d’eau, pas de système de canalisation, et les habitants de Niegowici utilisaient des lampes à huile au lieu de l’électricité. « Il faut commencer par le bas », a répondu le père Karol.
À l’église en carrosse
Plusieurs années plus tard, dans le livre Don et Mystère (dont l’un des chapitres est intitulé : « Dans la paroisse du village de Niegowici ») publié à l’occasion du 50e anniversaire de son ordination sacerdotale, il écrit qu’il a accepté l’assignation à la paroisse de la Petite Pologne avec joie et gratitude.
Il y est arrivé dans sa première papamobile – un chariot rempli de foin.
Le jeune prêtre se rendit en bus de Cracovie à Gdów, puis un agriculteur est venu le chercher et lui a montré le chemin, que le vicaire devait parcourir à travers champs pour atteindre l’église le plus rapidement possible.
Le premier baiser à la terre
En tant que pape, Jean-Paul II s’est agenouillé et a embrassé le sol du pays où il se rendait en pèlerinage. Il a fait ce geste pour la première fois sur le sol en Petite-Pologne.
« Lorsque j’ai traversé la frontière de la paroisse de Niegowici, je me suis agenouillé et j’ai embrassé le sol », s’est-il souvenu des années plus tard comme successeur de S. Pierre.
Mais avant de se présenter au curé Kazimierz Buzala, il est entré dans l’église en bois et s’est incliné devant Jésus présent dans le Saint Sacrement.
« Sa vie, unie à Dieu, était rayonnante de vertus. Il prêchait des sermons profonds – tout le monde l’écoutait avec joie. Un modèle de prêtre saint et impeccable », selon l’évaluation que lui a donné le père Buzala.
Le vicaire enseignait la religion aux enfants, s’engageait dans la vie de la communauté paroissiale, fonda un club de théâtre pour les jeunes, animait des réunions du Rosaire vivant et organisait des voyages. Il passait beaucoup de temps en prière et préparait les enfants à recevoir leur Première communion.
Il enseignait la religion, battait le grain avec un fléau et aidait dans la grange
Il resta dans cette paroisse pendant un an, mais déjà il était connu comme un saint prêtre qui voulait être proche des affaires des gens et apporter la Bonne Nouvelle à tous ceux qui en avaient besoin. Le père Karol aidait les pauvres, portait d’habitude des chaussures trouées et faisait régulièrement raccommoder sa soutane usée. Il donnait chaque centime aux pauvres pour qu’ils puissent s’acheter quelque chose à manger. Il donna son propre manteau à un garçon qui n’avait pas de vêtements pour l’hiver.
La prière du futur pape lui a sauvé la vie
« Il avait déjà la sainteté en lui à Niegowici », se souvient Józefa Wachel, une habitante du village. Dans sa jeunesse, cette femme appartenait à l’Association de la jeunesse catholique. Son petit ami fut arrêté par les autorités communistes à cause de ses activités au sein de l’association. Il disparut sans trace. Jadwiga craignait pour sa vie. Elle alla donc voir le père Karol et demanda une messe pour trouver Janek. « Il a accepté la demande mais n’a pas voulu de l’argent », expliqua Wachel. « Il est à la fois le nôtre et le vôtre », ajouta Wojtyła. L’homme rentra rapidement chez lui. Le couple se maria et, des années plus tard, la femme avoua que c’était grâce au Père Karol et ses prières que son petit ami avait été sauvé.
Le chemin vers la sainteté
Le prêtre ne vivait pas dans le presbytère mais dans le vicariat. Il donnait tous les cadeaux qu’il recevait de ses paroissiens aux nécessiteux. Quelqu’un lui apporta même un oreiller ordinaire. Le prêtre ne dormit pas dessus trop longtemps mais le donna aux victimes d’un incendie. « Dans notre grange, il a même essayé de battre le grain avec une herse pour voir comment cela se passait », a dit l’un des paroissiens.
Un jour, traversant le village, le prêtre aperçut deux garçons qui essayaient de réparer un pont. Le vicaire retroussa les manches de sa soutane, prit une pelle et les aida à préparer les fondations du nouveau passage.
Les habitants se souvenaient de lui comme d’un homme toujours prêt à travailler, chaleureux et direct. Il avait aussi un don pour convaincre les gens.
« Au début, nous étions un peu inquiets de savoir comment nous allions nous entendre avec un prêtre aussi savant. Il était docteur en théologie de Rome. Nous, jeunes ruraux, étions sans éducation après la guerre. Pendant l’occupation, nous n’étudions pas l’histoire, la géographie, nous ne lisions pas de livres. Mais lors de notre première rencontre, il s’est avéré que le père Karol était très chaleureux et direct. Il pouvait entrer en contact avec tout le monde : avec les jeunes et les vieux, avec les agriculteurs et les enseignants », a souligné Maria Trzaska, une habitante de Niegowici, directrice d’école et professeur de physique dans une interview accordée au journal Gazeta Krakowska.
Plus tard, en tant que pape Jean-Paul II, il parlait aussi avec les gens et avait des contacts très personnels avec eux. Les mots qu’il adressait aux autres étaient empreints d’amour, de profondeur et d’une puissance supérieure qui les incitaient à agir.
Un monument unique
Dans l’église de Niegowici, il y a encore le confessionnal où il entendait les confessions et, dans une des chapelles, il y a une copie de sa tombe au Vatican. On y a aussi placé une photo montrant le pape polonais lors de son dernier chemin de croix. Un morceau de bois de la croix que le pape porta pendant le service a été incorporé à la photo.
Devant l’église se trouve une statue uniquement en Pologne et dans le monde du vicaire Wojtyla en simple soutane. Avant d’y être dressée, elle fut consacrée par Jean-Paul II. Toute sa vie fut remplie d’amour pour Dieu et pour l’homme.
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