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Tromlin – l’île des esclaves oubliés

Maia / 19.03.2019
mat. presse
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Le Musée de l’Homme à Paris retrace une aventure maritime extraordinaire du XVIIIe siècle. En 1761, un navire français s’est échoué sur un récif désertique de l’océan Indien. A cet endroit – l’île de Sable (aujourd’hui Tromelin) -, l’équipage a abandonné sa cargaison d’esclaves malgaches en leur promettant de revenir très vite. Or, on a oublié ces malheureux pendant…quinze ans !


Que s’est-il passé dans cette longue période ? Comment cette petite population a réussi à survivre ? Quelle sombre histoire liée à l’esclavage cache cet épisode ? Aujourd’hui on rend leur dignité aux oubliés qui ont réussi à réinventer une vie sociale avec des moyens matériels extrêmement limités. On songe à l’aventure de Robinson Crusoé…

D’emblée nous plongeons dans le climat de cette tragédie grâce à la scénographie et son éclairage tamisé. Le parcours suivi par les objets de l’époque – tableaux, cartes géographiques et documents manuscrits – rend les paysages, les endroits géographiques, le contexte précis de cet événement inouï dans l’histoire.

Tout a commencé à Bayonne, d’où est parti le navire l’Utile appartenant à la Compagnie française des Indes orientales vers l’île de France (aujourd’hui – l’île Maurice) pour emporter et négocier thé, café, épices, cotonnades ou soierie. Tonneaux, étoffes, moulins à café, porcelaines, toutes ces pièces exposées évoquent le commerce maritime. Mais derrière ce but commercial se joue une autre affaire, la fraude à Madagascar, la traite négrière omniprésente dans l’océan Indien qui alimentait en main-d’œuvre les plantations des îles françaises. Le capitaine du navire, Lafargue, en plus le commerce de riz et de viande, a conclu une opération jugée pour lui plus lucrative en achetant 160 esclaves. Notons qu’à l’époque on avait suspendu le commerce négrier à cause de la famine pour limiter les bouches à nourrir. Dans la salle sombre de l’exposition, nous pénétrons dans cette ambiance d’affaires illégales et honteuses. Les fers d’esclaves rappellent qu’il s’agit du crime perpétré par l’homme civilisé à l’égard des noirs qui apparaissent héroïques après plus de deux cents ans, car il a fallu plus de deux siècles pour mettre en lumière cette histoire grâce à la persistance des scientifiques, aux fouilles archéologiques.

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Deux cent dix rescapés ont gagné l’île après le naufrage. Durant quinze ans, ils ont inventé des moyens ingénieux pour survivre en capturant des tortues et des oiseaux, en fabricant des outils à partir d’éléments métalliques provenant de l’épave, en forant des puits afin de reconstruire une vie sociale d’échange, de production spécialisée d’objets quotidiens, de rites autour d’un village. Cette partie du drame est exposée dans une salle éclairée accompagnée du bruit de la mer et des oiseaux. Curieusement, au fond de la misère et du malheur, ces esclaves étaient libres, livrés à leur intelligence, guidés par leur espoir de vivre, capables de recouvrer leur dignité. Belle leçon de l’histoire de ce peuple abandonné mais aussi des tentatives de réhabilitation dues aux missions archéologiques contemporaines. Entre la porcelaine chinoise appartenant au gouverneur de l’île de France et le briquet de silex s’étend toute une époque humaine…

Seuls sept femmes et un bébé ont survécu. Une fois sur l’île de France, ces huit rescapés ont été déclarés libres. Mais leur trace s’est perdue. Il ne reste que quelques vestiges, objets et champ d’imagination qu’ouvre cette magnifique exposition en faisant autant voir que rêver.

Musée de l’Homme
17 Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75116 Paris

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