Mgr Michel Aupetit pour polskiFR: il est nécessaire de reconstruire la culture chrétienne
Le défi le plus important pour l’Église en France est l’annonce missionnaire de l’Évangile pour donner aux hommes des raisons d’espérer; Les liens entre l’Église française et l’Église polonaise en France sont forts, il est nécessaire de veiller à grandir dans l’amitié mutuelle – souligne l’Archevêque de Paris, Monseigneur Michel Aupetit, dans une interview accordée au portail “polskiFR”.
Monseigneur, quels sont les plus grands défis pour l’Eglise qui est en France?
Mgr Michel Aupetit: Le défi le plus important pour l’Église en France est résolument missionnaire. Les chrétiens doivent revivifier les racines chrétiennes de notre nation afin de donner aux hommes de rencontrer le Christ et d’entrer dans l’espérance.
La population française a dépassé pour une part les combats de l’anticléricalisme du début du XXe siècle mais demeure relativement ignorante de toute référence chrétienne. Ainsi, beaucoup de Français n’ont aucune idée de ce que ce peut signifier le tableau d’une Visitation ou d’une Transfiguration.
Je crois qu’aujourd’hui les Français attendent quelque-chose, ils ont soif de trouver le sens de leur vie, au-delà de la course à la consommation et de la quête exclusive du bien-être matériel. On perçoit dans l’expression populaire d’une révolte le désir d’un changement. Les manifestations des “gilets jaunes” disent la fragilité financière de beaucoup de familles et le sentiment d’une frustration politique, mais elles sont surtout le signe d’une souffrance existentielle. Les catholiques peuvent proposer des réponses et porter au monde l’espérance du Royaume. Ils doivent assumer une fraternité portée par la conscience de la paternité de Dieu.
Que pensez-vous de la réalité pastorale des émigrés en France?
Paris est une ville véritablement internationale et multiculturelle. Quand je visite des paroisses de Paris, je rencontre des gens de presque tous les pays du monde. La clé d’une bonne et pacifique coexistence de toutes ces populations est le respect de la culture propre de notre nation, de sa langue, de sa mémoire, dans l’accueil enrichissant de la diversité des multiples origines.
L’accueil des migrants en véritable détresse nous oblige comme citoyens et comme chrétiens: « J’étais étranger et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35). Le respect de la mémoire, du « génie propre des nations », références si chères au saint Pape Jean Paul II qui a tant marqué la France, demeurent pourtant de justes conditions d’une ouverture généreuse à l’accueil des personnes.
Il s’agit que les migrants gardent ce qui fait la beauté de leur culture propre, dans une harmonisation progressive avec le pays qui leur ouvre ses portes. Ils doivent donc, autant que faire se peut, en apprendre la langue et l’histoire, respecter ses lois légitimes, éviter l’enfermement dans des particularismes et participer au bien commun de la nation qui les accueille.
Voyez-vous des différences entre la spiritualité française et polonaise?
L’amitié et les bonnes relations entre la Pologne et la France sont le fruit d’une longue tradition. Saint Jean-Paul II a eu une influence très significative sur la spiritualité des Français, qui lui ont accordé un grand respect et un véritable sentiment de filiation à son égard.
En ce qui concerne la dimension spirituelle de leur vie, les Polonais sont fervents, ils semblent être pleins d’enthousiasme, les Français sont plus contenus et s’enferment parfois dans un certain intellectualisme. C’est à ce moment qu’ils risquent de perdre la simplicité et la beauté de la relation avec Dieu.
J’étais en Pologne pour les Journées mondiales de la jeunesse à Cracovie. Je me souviendrai toujours de l’hospitalité exceptionnelle des Polonais. C’était quelque chose de très fort. J’ai rencontré des gens véritablement gentils et accueillants, conscients de la richesse propre de leur mémoire et de leurs saints.
Je suis donc heureux de l’amitié mutuelle qui unit nos Églises dans la conscience de l’unité catholique, et je prie le Seigneur de vous bénir et de bénir votre nation qui a donné dans l’histoire tant de signes de courage et de fidélité souvent héroïque à l’Évangile.
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