Cardinal Wyszyński et Mère Czacka – deux nouveaux bienheureux
fot. FSK, s. Amata CSFN
Le 12 septembre à Varsovie, le cardinal Stefan Wyszyński, Primat de Pologne de 1948 à 1981, le pasteur qui a sauvé la foi des Polonais dans les temps difficiles du communisme, et la Mère Elżbieta Róża Czacka, religieuse aveugle, qui a fondé la Congrégation des Sœurs franciscaines servantes de la Croix et créé l’Œuvre de Laski, centre d’éducation des enfants aveugles et de dialogue avec les non-croyants, seront élevés à la gloire des autels.
Le cardinal Stefan Wyszyński – Une grande figure de l’Église du XXe siècle, un homme confiant envers Marie
La cérémonie de béatification dans le Temple de la Divine Providence à Varsovie sera présidée par le préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal Marcello Semeraro, et les profils des bienheureux seront présentés par l’archevêque métropolitain de Varsovie, le cardinal Kazimierz Nycz.
Le cardinal Stefan Wyszyński (né en 1901), jeune prêtre déjà avant la guerre, s’est fait connaître comme un militant social hors pair, un expert de l’enseignement social catholique, le fondateur, entre autres, de l’Université des travailleurs chrétiens de Włocławek et l’éditeur de l’« Ateneum Kapłański », une revue de très haut niveau. Grâce à ces réalisations, Pie XII le nomma évêque de Lublin en 1946.
Wyszyński fut nommé Primat de Pologne, Archevêque métropolite de Gniezno et de Varsovie, en novembre 1948. Outre la fonction de Président de la Conférence des évêques, il était légat du pape (en l’absence du nonce) et disposait de pouvoirs spéciaux qu’il avait reçus du Saint-Siège, à la suite de son prédécesseur, le cardinal August Hlond, décédé en 1948. Celles-ci lui permettaient d’exercer sa juridiction sur les territoires rétrocédés à la Pologne par l’Allemagne et de s’occuper des catholiques en Union soviétique. En janvier 1953, il fut créé cardinal.
Emprisonnement malgré une ligne flexible
Dans le cadre de la confrontation croissante avec le régime communiste, en avril 1950, le primat Wyszyński décida de signer un « accord » avec le gouvernement. Le Saint-Siège le jugea négativement, comme trop conciliante. En signant ce document, le Primat voulait protéger l’Église en Pologne contre une attaque frontale de la part des communistes, comme cela arrivait dans les autres pays du bloc socialiste. Grâce à sa flexibilité, l’Église en Pologne a été sauvée dans la période la plus difficile, celle du stalinisme. Cependant, face à la tentative des communistes de prendre le contrôle des nominations dans l’Église, il a prononcé le catégorique : « Non possumus ! » Le 25 septembre 1953, il fut arrêté. Sans inculpation, ni jugement, ni condamnation, il fut emprisonné dans divers lieux de détention pendant trois ans, jusqu’au 28 octobre 1956.
Pour le renouveau moral de la nation, une confrontation victorieuse avec le régime
Le cardinal Wyszyński utilisa la période de son emprisonnement pour élaborer un programme de renouvellement moral pour la nation. Il était convaincu que la condition pour retrouver la liberté nationale était une renaissance morale et spirituelle. Les piliers de ce programme étaient la consécration de la société à la Mère de Dieu (les Vœux de la Nation de Jasna Góra, en 1956), puis le programme de la Grande Neuvaine, un travail pastoral et de prière de 9 ans avant le millénaire du Baptême de la Pologne en 1966.
À la suite de ces manifestations de milliers de personnes, qui ont aussi plus tard accompagné les célébrations du millénaire du Baptême de la Pologne, les Polonais éprouvaient un sentiment de liberté dont ils ne pouvaient pas jouir en dehors de l’Église. Ainsi, l’Église devint une autorité de plus en plus forte, voire un guide informel pour la nation. Cela conduisit à un approfondissement de la religiosité, non seulement au sein du peuple mais aussi parmi l’intelligentsia. L’Église sortit victorieuse de la confrontation avec le régime athée. Il s’agissait d’un phénomène unique en son genre en Europe.
En outre, le cardinal Wyszynski aidait l’Église catholique en URSS à survivre. Il ordonnait secrètement des prêtres pour y travailler et leur fournissait de l’aide. Grâce à ses soins, l’Église gréco-catholique, qui fut liquidée et brutalement persécutée dans l’État de Staline, survécut en Pologne.
Introduction sage de Vatican II
Un autre de ses mérites fut l’introduction sage et calme du renouveau liturgique conciliaire, qui ne provoqua pas la « sécularisation » caractéristique dans nombreuses églises en Occident. Le cardinal Wyszyński avait pris une part active aux travaux du concile Vatican II, participant aux quatre sessions. Paul VI le nomma membre du Présidium du Concile et, à l’initiative notamment des évêques polonais, le Pape proclame Marie Mère de l’Église.
Réconciliation entre la Pologne et l’Allemagne
Sur le plan international, le cardinal Wyszyński a été l’un des pères de la réconciliation germano-polonaise de l’après-guerre, lancée par la célèbre lettre de 1965 des évêques polonais aux évêques allemands. Ce rôle de Wyszyński, ainsi que l’autorité acquise par l’Église depuis la Pologne, ont ouvert la voie à l’élection du cardinal Karol Wojtyła au siège de Saint-Pierre.
La spiritualité du Cardinal
L’un des traits les plus caractéristiques de la spiritualité du cardinal Wyszyński était son caractère marial, définitivement christologique, qu’il exprimait, entre autres, dans sa devise fréquemment répétée : « Soli Deo per Mariam ». Il avait repris du mystique français S. Louis Grignion de Montfort l’idée de « l’esclavage à la Sainte Vierge Marie », se donnant personnellement à Marie alors qu’il était encore emprisonné. Le point culminant de ce concept a été la consécration par l’épiscopat de toute la Pologne à l’esclavage maternel de Marie pour la liberté de l’Eglise dans la patrie et dans le monde, qui eut lieu à Jasna Gora le 3 mai 1966, à l’occasion du Millénaire du Baptême de la Pologne, avec la participation de près d’un million de croyants.
Un autre trait caractéristique du cardinal Wyszyński était sa promptitude à pardonner, même à ses persécuteurs. Lorsque Bolesław Bierut, le président communiste et persécuteur de l’Église, est décédé, Wyszyński a immédiatement célébré une messe pour son âme dans sa chapelle privée. Dans son testament, il écrivit ces paroles : « Je considère comme une grâce pour moi-même le fait d’avoir pu témoigner de la vérité en tant que prisonnier politique à travers un emprisonnement de trois ans et d’avoir pu me garder de haïr mes compatriotes au pouvoir dans l’État. Conscient des torts qui m’ont été causés, je leur pardonne de tout cœur toutes les calomnies dont ils m’ont honoré ».
Il se caractérisait par un grand respect envers chaque personne, notamment envers les femmes, ce qui était rare dans l’Église à l’époque. Lorsqu’une femme entrait dans son bureau, même une femme de ménage, il se levait pour lui montrer son respect. Il témoignait des valeurs familiales. Il était un défenseur de la vie et considérait l’avortement comme l’un des fléaux les plus dangereux. Il était un défenseur imparable des droits de l’homme face à un régime oppressif.
Un soutien prudent de « Solidarité »
Lorsque des grèves éclatèrent sur la côte, en août 1980, il appela à la prudence par crainte d’une intervention soviétique, tout en soutenant les revendications des grévistes. Il soutenait le nouveau syndicat indépendant et autonome « Solidarité », tout en appelant ses dirigeants à faire preuve de responsabilité.
Il mourut le 28 mai 1981. Ses funérailles, auxquelles étaient présents le secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Agostino Casaroli (qui remplaça Jean-Paul II, hospitalisé après l’attentat) et les représentants de nombreuses Conférences épiscopales, sont une grande manifestation à laquelle plusieurs centaines de milliers de personnes participèrent.
Vers la béatification
Le procès de béatification du cardinal Wyszyński au niveau diocésain commença le 20 mai 1989 et se termina le 6 février 2001. Ses dossiers furent ensuite envoyés à la Congrégation pour les causes des saints. Le 18 décembre 2017, le pape François signa le décret sur l’héroïcité des vertus. Le 29 novembre 2018, le conseil médical de la Congrégation déclara une guérison miraculeuse grâce à l’intercession du Cardinal, confirmée le 2 octobre 2019 par le Saint-Père. Ce fut la guérison d’une jeune une jeune religieuse de 19 ans, qui souffrait d’un cancer de la thyroïde. Ce fait ouvrit la voie vers la béatification. La cérémonie était programmée pour le 7 juin 2020 mais elle a dû reportée en raison de la pandémie.
KAI – Agence de presse catholique
Mère Elżbieta Róża Czacka – L’apôtre des aveugles et de ceux qui sont loin de Dieu
C’était une femme extraordinaire qui, après avoir perdu la vue à 22 ans, considérait son handicap comme un signe de Dieu. Elle décida de servir les aveugles, aussi bien les aveugles physiques que les personnes « spirituellement aveugles ». Elle fonda un institut séculier pour aider les malvoyants et plus tard une nouvelle Congrégation de franciscaines. Le centre des activités des deux institutions est encore aujourd’hui à Laski, près de Varsovie, où il y a une école et un centre éducatif pour les enfants aveugles. C’est un puissant centre de spiritualité, ouvert aux personnes dans le besoin et au dialogue avec les non-croyants.
La perte de la vue : Un tournant dans la vie
La future bienheureuse est issue dans une famille aristocratique bien connue et distinguée (elle était l’arrière-petite-fille de Tadeusz Czacki, fondateur du lycée de Krzemieniec). Elle naquit le 22 octobre 1876 à Biała Cerkiew, dans les anciennes terres orientales de la République de Pologne (aujourd’hui l’Ukraine). Grâce à une solide éducation à la maison, elle était mieux préparée que ses camarades à assumer diverses tâches dans la vie. À 22 ans, elle perdit la vue, déjà menacée depuis l’enfance, dans un accident de cheval. Sa foi profonde l’a aidée à accepter ce fait humainement tragique comme sa vocation personnelle dans la vie. Sur les conseils de son ophtalmologue, elle décida de s’engager totalement pour améliorer le sort des aveugles en Pologne, dont personne ne se souciait à l’époque.
Róża Czacka apprit seule le braille et entreprit un travail intensif de réadaptation personnelle pour atteindre la plus grande indépendance possible. Pendant 10 ans, elle acquit de l’expérience dans des centres pour aveugles à l’étranger, en Suisse, Autriche, Allemagne et France. En 1908, elle ouvrit les premières petites institutions pour enfants et adultes aveugles à Varsovie. En 1910, elle fonda la Société pour le soin des aveugles.
Fondatrice d’une Congrégation
En même temps, l’idée de la consécration religieuse et de la fondation d’une communauté totalement dédiée au service des aveugles mûrissait en elle. Elle passa les années 1915-1918 dans les territoires de l’Est, où elle restait bloquée à cause de la guerre. C’était une période de retraite personnelle. Elle commença le noviciat des Tertiaires, s’adonnant à la pratique d’une pauvreté radicale. Le 19 novembre 1917, elle prit l’habit et prononça ses vœux, prenant le nom de Sœur Elżbieta de la Croix. La Congrégation des Sœurs Franciscaines Servantes de la Croix, qu’elle fonda formellement, fut établie à Varsovie le 1er décembre 1918. Certains considéraient avec scepticisme la vocation de la Congrégation fondée par la comtesse aveugle, mais elle reçut l’approbation et le soutien de l’archevêque métropolitain de Varsovie, Aleksander Kakowski. La fondatrice était également tenue en haute estime par le nonce apostolique de l’époque, Achille Ratti, le future pape Pie XI.
L’œuvre de Laski
En 1921, la Société pour le soin des aveugles installa la plupart de ses institutions pour aveugles à Laski, près de Varsovie. Très vite, le centre devint l’un des plus modernes d’Europe centrale. L’œuvre de Laski se caractérise par une simplicité et une pauvreté véritablement franciscaines qui touchent le cœur.
Un rôle important dans la formation de la spiritualité du lieu fut joué par le père Wladyslaw Kornilowicz (1884-1946), l’un des pionniers du renouveau liturgique en Pologne, aumônier des jeunes universitaires et de l’intelligentsia à Varsovie, qui était aussi engagé dans le dialogue avec les non-croyants. Il assuma le rôle de directeur spirituel de la Congrégation et des collaborateurs laïcs de l’Œuvre. Grâce à son travail pastoral, la Mère Czacka a pu réaliser pleinement son désir d’impliquer les sœurs et les aveugles physiques non seulement dans l’expiation de la cécité spirituelle du monde, mais aussi dans l’apostolat actif et le service aux « aveugles spirituels », c’est-à-dire aux personnes perdues et en recherche.
C’est à l’initiative du père Kornilowicz que l’on fonda à Laski un centre de retraite, qui existe toujours aujourd’hui et accueille durant toute l’année des retraites individuelles et collectives pour les personnes qui cherchent leur voie et veulent trouver des réponses à leurs dilemmes intérieurs. Le Père Korniłowicz donna aussi l’impulsion à la création d’une bibliothèque de connaissances religieuses ainsi qu’à une librairie et la maison d’édition « Verbum », qui propose de valeureux ouvrages de spiritualité et de philosophie. Par son service pastoral, il conduisit à Dieu également des non-croyants et des adeptes d’autres religions. L’atmosphère de Laski a attiré des artistes tels que Zbigniew Herbert, Antoni Słonimski, Zygmunt Kubiak et Jerzy Liebert.
L’environnement de Laski établit des relations avec d’éminents représentants du personnalisme catholique en Europe occidentale. En août 1934, se tint à Varsovie un Congrès Thomiste International, auquel Jacques Maritain participa. Lui aussi vint à visiter Laski et le siège de la maison d’édition « Verbum ». Un autre philosophe et théologien thomiste éminent, le Suisse Charles Journet, qui devint plus tard cardinal, rendit également visite à Laski à cette époque. Il a écrit des mots éloquents sur son séjour à Laski : « Nous avons rencontré dans un coin de Pologne, et ce sera un des beaux souvenirs de notre vie, cette Église véritablement franciscaine, pauvre jusqu’au dénuement mais débordante de charité, accueillante à toutes les misères du corps et de l’âme, en même temps qu’aux recherches de l’art le plus moderne, merveilleusement respectueuse des désirs du souverain pontife et des exigences de la liturgie mais admirablement affranchie de toutes les sortes de formalisme, libre comme le nuage dans le ciel, qui n’était ni dure ni méprisante pour les Juifs, mais qui avait su trouver le secret pour leur ouvrir les portes du saint baptême, sans nul mensonge, sincère jusqu’au scrupule – de cette sincérité slave à la fois folle et adorable… »
En 1937, la Mère Czacka fut reçue en audience par le pape Pie XI, qui, alors qu’il était encore nonce apostolique à Varsovie, avait donné à la fondatrice de précieux conseils et orientations. Il a écouté attentivement le récit du développement de l’Œuvre et l’a bénie.
La relation avec le cardinal Stefan Wyszyński
La Mère Czacka rencontra, en 1926, le jeune prêtre Stefan Wyszyński, que son directeur spirituel, le père Władysław Kornilowicz avait amené à Laski. Ce fut le début d’un lien spirituel fort, et leur coopération devint plus étroite notamment pendant la Seconde Guerre mondiale. Le jeune professeur, qui se cachait de la Gestapo, servit d’abord comme aumônier dans la pastorale des avant-postes de Laski, dans la région de Lublin (à Kozłówka et Żułów) ; ensuite, dans les années 1942-1945, il servit comme aumônier des sœurs franciscaines et des unités de l’Armée de l’Intérieur clandestine. L’amitié et le lien spirituel du cardinal Wyszyński avec la Mère Czacka se maintinrent jusqu’en 1961 quand elle mourut, mais sa mort ne rompit pas le lien du Primat avec la communauté Laski.
En décembre 1948, la Mère Czacka souffrit son premier accident vasculaire cérébral et, en 1950 elle démissionna de la fonction de Supérieure générale. Pendant les dix dernières années de vie elle était grave malade et elle offrait ses souffrances pour l’Œuvre. Elle vivait dans une petite chambre attenante à la chapelle de Laski, où elle mourut le 15 mai 1961.
Vers la béatification
La conviction de sa sainteté était répandue. Le procès de béatification commença en décembre 1987 et se termina au niveau diocésain en juin 1995. Le décret sur l’héroïcité des vertus de la Mère Czacka fut approuvé par le pape François en 2017 et en octobre 2020, il signa le décret concernant un miracle attribué à son intercession. Cela ouvrit la voie à la béatification.
Le miracle, qui se produisit en 2010, était lié à un grave accident survenu à une fillette de 10 ans le 29 août de la même année. Les blessures à la tête de l’enfant étaient si graves que les médecins craignaient que, si elle ne mourait pas, elle ne reste dans un état végétatif ou ne subisse de graves dommages, notamment à la vue et à l’ouïe. La famille, sa paroisse et toute la Congrégation des Sœurs franciscaines Servantes de la Croix priaient pour la jeune fille par l’intercession de la Mère Czacka. Puis, le 13 septembre 2010, l’état de la fillette s’améliora et elle commença à reprendre rapidement ses forces. Aujourd’hui, elle est en parfaite santé.
KAI – Agence de presse catholique
L’Église en Pologne : Données de base
Malgré de puissants courants de sécularisation, la société polonaise est toujours caractérisée par un fort attachement à la foi, et l’Église y dispose d’un énorme potentiel apostolique, incomparable à celui de nombreux autres pays.
Religiosité
91,9 % des Polonais se déclarent membres de l’Église catholique. En 2019, 32 461 000 croyants lui appartenaient, rassemblés dans 10 382 paroisses (9 666 diocésaines et 666 de congrégations religieuses).
En Pologne – malgré de puissantes tendances de sécularisation dans notre milieu culturel – comparativement aux autres pays européens, les indicateurs de religiosité diminuent lentement, dans ce que les sociologues appellent la « sécularisation rampante ». En 1990, 50,3 % des obligés assistaient à la messe dominicale, en 2013 ce pourcentage était tombé à 39,1 % et en 2019 à 36,9 % (dernière enquête).
Selon l’Institut des statistiques de l’Église catholique, le pourcentage de personnes se déclarant profondément croyantes est d’environ 11 %. Les femmes plus susceptibles de croire, puisque parmi elles, 14,4 % sont profondément croyantes et 70,3 % croyantes, tandis que chez les hommes, 7,6 % sont profondément croyants et 68,8 % à être croyants.
Structures et forces apostoliques
L’Église en Pologne est composée de 15 métropoles avec 45 diocèses, dont 3 appartenant à l’Église de rite byzantin-ukrainien, et de l’Ordinariat militaire. Il y a 154 évêques, dont un tiers est à la retraite. Il y a 44 évêques diocésains et 55 évêques auxiliaires. L’évêque moyen est âgé de 66 ans, vient d’un village ou d’une petite ville et a un doctorat en théologie. L’âge moyen d’un évêque auxiliaire est de 59 ans et celui d’un évêque diocésain de 64 ans.
En Pologne, nous avons 33,600 prêtres : 24,700 prêtres diocésains et 8,900 prêtres religieux, ainsi que 1,200 frères et environ 19,000 religieuses. Un nombre aussi élevé de prêtres est l’effet du boom des vocations à l’époque de Jean-Paul II. Actuellement, il y a moitié moins de candidats.
La vie consacrée
Congrégations féminines
En Pologne, il existe 104 congrégations féminines de vie active et 13 congrégations contemplatives. Plus de 17 000 sœurs vivent dans des congrégations apostoliques et 1 270 dans des congrégations contemplatives. Les religieuses gèrent 109 cercles Caritas, 45 groupes de bénévoles et 39 groupes de ministère des prisons. Les religieuses sont également engagées dans l’évangélisation par le biais des médias : radio, télévision ou Internet. Elles gèrent 6 maisons d’édition, environ 500 sites web et quelque 400 profils sur Facebook et Twitter.
Congrégations masculines
La Pologne compte 11 173 religieux répartis dans 59 congrégations, dont les plus nombreuses sont les Franciscains (1 233), les Salésiens (992), les Franciscains conventuels (926), les Pallottins (592), les Jésuites (586), les Dominicains (439) et les Rédemptoristes (413).
Les instituts masculins de vie consacrée gèrent 708 paroisses, 174 sanctuaires, 111 rectorats et vicariats indépendants et 453 autres églises et chapelles. Des religieux sont évêques (40), curés, vicaires, exorcistes, aumôniers dans les hôpitaux, formateurs et aumôniers de religieuses, pasteurs académiques, pasteurs de mouvements et d’associations religieuses et pasteurs de nombreux groupes spéciaux de fidèles. Les ordres religieux gèrent également leurs propres établissements d’enseignement : 14 jardins d’enfants, 44 écoles primaires, 45 écoles secondaires, 8 écoles techniques, 8 écoles professionnelles, 10 collèges et 97 oratoires pour enfants et jeunes. Au cours de l’année, ils organisent plus de 1 700 voyages pour près de 30 000 enfants et plus de 100 000 jeunes.
Activités caritatives
L’Église catholique est la plus grande organisation en Pologne – après les structures de l’État – à fournir une assistance aux personnes dans le besoin. L’action caritative s’exerce à plusieurs niveaux : institutions diocésaines, ordres religieux, communautés et mouvements paroissiaux, associations et fondations. La plus grande organisation caritative en Pologne est Caritas Polska et la Caritas diocésaine (dans 45 diocèses), qui gère plusieurs milliers de centres d’aide aux plus démunis.
Des actions caritatives sont également menées dans une grande partie des paroisses polonaises, par 3 250 équipes paroissiales de Caritas et beaucoup d’organisations ou communautés paroissiales.
Les congrégations féminines gèrent 72 foyers pour enfants, dont 13 foyers familiaux pour enfants ; 112 foyers d’aide sociale pour enfants, jeunes et adultes ; 28 foyers de soins ; 5 institutions offrant des soins 24 heures sur 24 aux personnes handicapées ; 10 foyers pour mères avec des enfants en bas âge ; 2 refuges pour les sans-abris et 2 foyers pour ceux qui se remettent de leur situation de sans-abri ; 25 cantines pour les pauvres et 95 points de distribution de nourriture. Les œuvres réalisées par les religieuses en Pologne comprennent également plus de 30 centres de soins et de traitement, 2 hôpitaux, 25 cabinets médicaux, 6 centres de réhabilitation, 3 hospices, 38 « fenêtres de vie » (fenêtres à bébé), 65 maisons de retraite et 57 maisons de repos pour laïcs.
Dans le cadre de leurs activités caritatives, les ordres religieux masculins dirigent : 7 hôpitaux, 12 hospices, 9 cliniques externes et centres de santé, 27 maisons de repos, 8 centres d’éducation pour la jeunesse, 14 centres de thérapie pour toxicomanes ou encore 9 refuges ou centres de nuit pour les sans-abris. Beaucoup des centres de bienfaisance sont situés dans les paroisses et les communautés religieuses – par exemple, 69 centres de conseil psychopédagogique, 112 crèches pour enfants, 50 soupes populaires, 28 centres d’aide aux familles ou 28 ateliers d’ergothérapie.
Fidèles laïcs
Une étude de 2018 a montré qu’il y a environ 8 % de « fidèles engagés ». Les mouvements, communautés et associations de laïcs présents en Pologne sont très divers. Certaines communautés ont plusieurs siècles d’histoire, comme les communautés laïques franciscaines, dominicaines ou carmélites. La plus nombreuse et en même temps l’une des plus anciennes communautés de Pologne, présente depuis la fin du 19e siècle, est le Rosaire Vivant.
Il existe également des mouvements et des communautés contemporaines qui ont été transplantés en Pologne depuis l’étranger, comme le Renouveau dans l’Esprit Saint, le Chemin Néocatéchuménal ou la Légion de Marie, ainsi que la Prélature de la Sainte-Croix, l’Opus Dei et le Mouvement Foi et Lumière.
Les communautés nouvelles d’origine polonaise sont le Mouvement Lumière-Vie, aussi connu sous le nom d’Oasis, et Église domestique, Rencontres d’époux, Alliance familiale et Famille de familles. Parmi les structures laïques d’avant-guerre rétablies, l’Action catholique, axée en particulier sur les activités sociales, et l’Association de la jeunesse catholique jouent un rôle important. Quant aux clubs de l’Intelligentsia catholique, ils jouent un rôle important au sein de l’élite.
Selon les recherches de l’Institut de statistiques de l’Église catholique, il existe 65 500 organisations plus ou moins formelles affiliées aux paroisses, dont font partie 2,57 millions de personnes. Parmi ceux-là, 61 % sont destinés aux enfants ou aux jeunes, 54 % aux personnes âgées, 32 % aux pauvres, 24 % aux handicapés, 14 % aux chômeurs et 14 % aux victimes de violences.
Mouvement de pèlerinage
Les Polonais sont une nation qui apprécie les pèlerinages. Avant la pandémie, environ 7 millions de Polonais se rendaient chaque année en pèlerinage à divers lieux en Pologne et à l’étranger. Il existe 1 050 sanctuaires en Pologne : 793 mariales, 126 du Seigneur et 131 associées au culte des saints. Environ 500 d’entre eux sont des destinations de pèlerinage régulières. Le sanctuaire le plus important du pays reste Jasna Góra. Il a été visité par 4 400 000 pèlerins en 2019, dont 133 000 pèlerinages pédestres. Parmi les lieux saints les plus visités figure également le Sanctuaire de la Miséricorde Divine de Cracovie-Łagiewniki, où environ 2 millions de personnes de 90 pays viennent chaque année. Les autres sanctuaires les plus visités sont le sanctuaire de Notre-Dame de Fatima à Krzeptówki, Kalwaria Zebrzydowska et Lichen, où environ 1 million de pèlerins se rendent chaque année.
Missions
Dans les missions « ad gentes » (c’est-à-dire dans les pays de mission traditionnels), 1 883 missionnaires polonais servent dans 99 pays sur 5 continents. Parmi eux, on compte 303 prêtres diocésains, 879 religieux, 662 religieuses et 39 missionnaires laïcs. Il y a également 197 prêtres diocésains et 367 prêtres religieux, 37 frères et 213 sœurs de Pologne qui travaillent dans l’ex-URSS.
Médias catholiques
La communauté catholique en Pologne possède actuellement 5 hebdomadaires nationaux Gość Niedzielny, Niedziela, Tygodnik Powszechny, Przewodnik Katolicki et Idziemy, 44 stations de radio dont Radio Maryja, propriété des Rédemptoristes, qui couvre tout le pays, des rédactions catholiques dans les médias publics de Polskie Radio et Telewizja Polska et la télévision privée Trwam. Le secteur qui connaît la croissance la plus rapide – et la plus intense en période de pandémie – est celui des portails Internet catholiques. Parmi ceux qui se développent le mieux, il convient de mentionner le site jésuite DEON.PL (5 millions d’utilisateurs permanents), OPOKA.PL (environ un million d’utilisateurs permanents) et ALETEIA.PL (environ un million d’utilisateurs permanents).
Au niveau national, un rôle important est joué par la Katolicka Agencja Informacyjna qui s’adresse aux médias catholiques et laïques.
Les universités catholiques
L’Église en Pologne gère deux universités : Katolicki Uniwersytet Lubelski Jana Pawła II (Université catholique Jean-Paul II de Lublin) et Uniwersytet Papieski Jana Pawła II (Université pontificale Jean-Paul II de Cracovie) ainsi que 3 universités ayant le statut d’universités papales : Akademia Katolicka à Varsovie, Akademia « Ignatianum » à Cracovie et Papieski Wydział Teologiczny à Wrocław. L’université du Cardinal Stefan Wyszyński à Varsovie a le statut d’université d’État. Il existe également des facultés de théologie dans six universités d’État : à Katowice, Poznań, Toruń, Opole, Olsztyn et Szczecin.
Écoles catholiques
Il existe 487 écoles catholiques en Pologne. Selon les dernières données (de septembre 2019), il y a 259 écoles primaires, 140 écoles secondaires générales, 16 écoles techniques, 7 écoles de métiers du premier degré, 10 écoles d’art et 55 écoles spéciales.
Les écoles catholiques comptent plus de 70 000 élèves, dont plus de 44,100 élèves dans l’enseignement primaire (1,5 % du nombre total d’élèves des écoles élémentaires en Pologne) et plus de 21,200 élèves dans l’enseignement secondaire (4,5 % du nombre total d’élèves de ce type d’écoles). Près de 2 000 élèves fréquentent les écoles techniques catholiques et les écoles professionnelles de premier niveau, plus de 500 élèves fréquentent les écoles d’art et environ 2,500 élèves les écoles spéciales.
Lutte contre les abus sexuels
Les crimes de pédophilie et d’abus sur mineurs constituent un grave problème social en Pologne – et pas seulement dans l’Église. Selon un rapport publié par la fondation Dajemy Dzieciom Siłę, 12,4% des enfants et des jeunes âgés de 11 à 17 ans ont subi au moins une forme d’abus sexuel.
Chaque année, les tribunaux des États fédérés condamnent en moyenne 1 356 personnes pour des crimes d’exploitation sexuelle de mineurs. Selon les informations publiées par de la Base centrale de données des personnes privées de liberté en décembre 2020 : « cette peine est actuellement purgée par 1 073 condamnés, dont 3 membres du clergé catholique romain ».
Quant à l’ampleur de ces crimes commis par le clergé, selon les excellentes données recueillies par le Secrétariat de la Conférence des évêques et publiées par l’Institut des statistiques de l’Église catholique, entre 1990 et 2020, en Pologne 750 rapports d’abus sexuels sur mineurs par des membres du clergé ont été reçus, dont 584 dans des diocèses et 166 dans des ordres religieux. Ils concernent la période à partir de 1958.
L’Église est consciente de ce problème et, depuis 10 ans, elle essaie de construire son propre système de protection des enfants et des jeunes, conformément aux indications du Saint-Siège. Depuis plusieurs années, l’archevêque Wojciech Polak coordonne les activités dans ce domaine en tant que délégué de la Conférence épiscopale polonaise pour la protection des enfants et des jeunes. Une assistance substantielle dans ce domaine est fournie par le Centre de protection de l’enfance de l’Académie « Ignatianum » de Cracovie. Dans chaque diocèse et congrégation masculine, un délégué à la protection des enfants et des jeunes a été nommé pour recevoir les rapports et aider les victimes, et des programmes spéciaux de prévention ont été préparés. À l’automne 2019, la Conférence épiscopale polonaise a créé la Fondation Saint-Joseph, qui vise à fournir aux victimes diverses formes d’aide, principalement thérapeutiques.
Le dernier élément du système en cours de construction est l’application sur le sol polonais du motu proprio Vos estis lux mundi, concernant la culpabilité des hauts responsables de l’Église qui ont dissimulé ou couvert des crimes d’abus sexuels sur des mineurs. À la suite de son action, 2 évêques ont été contraints de démissionner et des sanctions ont été imposées à 5 autres.
Préparé sur la base de : « L’Église en Pologne – Rapport », Katolicka Agencja Informacyjna, Varsovie 2021
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